Et la colère explosa…
À l’écriture de mon dernier billet j’exprimais la préoccupation de la population qui tardait à recevoir l’aide humanitaire. PS : Après les agences de bus, ce sont les épiciers du coin qui commencent à vendre du riz et du lait à 10 soles le kilo (au lieu de 1/S). Après le coup de genou dans les boules, je pense que le coup de boule devrait être autorisé par la loi.
Ce soir, après avoir entendu environ 5439 fois le mot « du calme » dans la bouche des ministres et présentatrices de télévision (vous savez celles dont les genoux sont calleux), certains ont pété un plomb. Au même moment, les sinistrés demandent et répètent avec insistance le mot « aidez-nous s’il vous plait !» quel contraste !
Ce qui me chafouine un peu c’est que les télévisions privées, à la botte du gouvernement, ne parle plus que des pillages qui ont lieu dans les magasins et dans les maisons. Le gouvernement aurait-il quelque chose à cacher ? Je ne veux pas spéculer en ce moment et encore moins donner la raison à ces personnes qui profitent de la situation.
Mais qui suis-je moi pour juger ces gens ? Lorsque l’on voit à la télévision, la détresse des gens, on ne peut que comprendre ces réactions violentes comme le « pillage » d’un camion qui transportait de l’eau. Des habitants d’une banlieue pauvre sont parvenus à bloquer un camion sur la route qui mène à la place principale de la ville de Ica, et à en sortir des bouteilles d’eau.
Où sont les policiers et les forces armées ? Certains témoignages nous disent que la désorganisation des secours est en grande partie due à l’insuffisance de forces armées. Lorsque celles-ci sont bien présentes comme à Pisco, les secours s’organisent correctement. Dans les deux autres grandes touchées par la catastrophe, Ica et Chincha, on assiste à une véritable guérilla urbaine quand les bandes de pilleurs armés. Les balles des policiers répondent à celles des pillards.
Or, la présence des forces de police n’est du fait que de l’Etat. C’est à l’État d’organiser le déploiement nécessaire de ses forces de sécurité.
Autre aspect qui m’a paru important dans cette journée chaotique, ce fut l’image choquante du petit cimetière de Pisco où de nombreuses personnes sont venues assister à l’enterrement de familles entières. Il fallait voir la scène de ce tractopelle creuser une fosse suffisamment profonde pour enterrer 7 cercueils qui enfermaient les membres d’une même famille. Cette image m’a beaucoup troublé.
Dernier aspect qui provoque en moi beaucoup de colère surtout après mes vacances dans la Sierra de Huaraz, ce sont les premières images de petits villages dévastés dans la région de Huancavelica, la sierra de Pisco. On entend tout d’abord le ministre de l’intérieur nous dire que la voie de communication terrestre est bloquée et l’accès totalement impossible. Ce même ministre nous dit qu’il a apporté réconfort, couvertures, et des vivres aux sinistrés. Puis, une demi-heure plus tard on voit un autre reportage montrant un journaliste qui a réussit difficilement à rejoindre ces villages où les habitants qui sont coupés du monde depuis plus de 48 heures nous disent qu’ils n’ont absolument rien reçu. Encore une fois on oublie ces cholos de la montagne.
Quand on me dit que ces ministres travaillent, c’est quoi en fait leur travail ? Faire des points presse ? Montrer qu’ils sont bien présents sur les lieux de la catastrophe ? Montrer leur nouvelle casquette et leurs lunettes noires ? Perdre je ne sais combien de temps pour accueillir d’une façon excessive un avion Chilien et bien montrer aux caméras que le Chili est un frère et que les tensions entre les deux pays ne sont que des petits problèmes sans importance ? Je demande : « A quoi bordel sert un président de la République sur les lieux d’une telle tragédie ? » AAAAAAAAAHHHH J’ai compris. C’est pour montrer que les forces de police sont bien déployées à Pisco. Mais à son service.
Pendant ce temps les hommes et les femmes du sud du Pérou continuent à pleurer. Mais dans la dignité eux ! Et je me joins à eux.